Adrien-Jean Le Mayeur (1880 - 1958)
Adrien-Jean Le Mayeur de Merprès, né en 1880 à Bruxelles et décédé en 1958 dans la même ville, est un peintre belge dont le travail fu profondément marqué par ses voyages, et plus particulièrement par son séjour à Bali, en Indonésie, où il passa les 26 dernières années de sa vie. Fils d’un peintre de marines réputé, il s’est d’abord orienté vers des études d’architecture avant de revenir à la peinture, sa véritable passion. Le Mayeur s’est formé dans la tradition impressionniste, influencé par les effets de lumière et les jeux atmosphériques caractéristiques de ce mouvement.
Après la Première Guerre mondiale, au cours de laquelle il travailla comme peintre et photographe pour l’armée belge, il développa une quête artistique qui le conduit à parcourir le monde à la recherche de nouvelles lumières et de nouveaux paysages. Son parcours le mena à travers l’Europe, l’Afrique du Nord, l’Inde, Madagascar, Tahiti, mais c’est à Bali qu’il trouva finalement son paradis artistique.
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Arrivé à Bali en 1932, alors âgé de 52 ans, Le Mayeur fu immédiatement captivé par l’île, surnommée « l’île des Dieux », avec ses paysages luxuriants, sa lumière unique et ses traditions culturelles profondément enracinées. L’artiste y découvrit un mode de vie traditionnel, des rituels et des danses locales qui devinrent une source inépuisable d’inspiration pour son travail. Aussi, c’est sur l’île qu’il rencontra Ni Wayan Pollok, une danseuse de Legong alors âgée de 15 ans, qui devint sa muse et son modèle. Ils se marièrent en 1935, après quoi ils construisirent ensemble une maison sur la plage de Sanur, aujourd’hui transformée en musée. Ni Pollok est au cœur de nombreuses peintures de Le Mayeur, qui la représentait souvent dans des poses gracieuses et sensuelles, entourée de la nature balinaise foisonnante.
Le style de Le Mayeur, influencé par l’impressionnisme, se distingue par une palette de couleurs vives et éclatantes, mettant en lumière l’intensité des paysages tropicaux. Ses toiles capturent la lumière dorée des couchers de soleil, la beauté des femmes balinaises et la richesse de la flore environnante. Bien que son travail reste fidèle à une technique simple, il réussit à rendre avec justesse l’essence de son environnement, sans se perdre dans des détails inutiles. Cette simplicité, soulignée par la presse lors de ses expositions, permit à l’artiste de saisir la lumière et la couleur des scènes tropicales avec un minimum d’effort, créant des œuvres à la fois vibrantes et intemporelles. L’occupation japonaise durant la Seconde Guerre mondiale ne freina pas son activité créative. Assigné à résidence, il continua de peindre sur des matériaux de fortune, comme des sacs de riz en toile, prouvant son engagement inébranlable envers son art.
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Après la guerre, Le Mayeur retrouvât une reconnaissance internationale croissante. Sa maison de Sanur devint une destination prisée des touristes, fascinés par ses œuvres et par l’hospitalité du couple, qui accueillait souvent des visiteurs dans une atmosphère conviviale. L’artiste bénéficiait également de plusieurs expositions dans le sud-est asiatique, qui contribuèrent à renforcer sa réputation. En 1956, alors que l'Indonésie célébrait son indépendance, le ministre de l'Éducation et de la Culture visita la maison de Le Mayeur et proposa de la transformer en musée. En 1957, un acte officialisa cette donation : Le Mayeur céda sa maison et ses œuvres à Ni Pollok, qui les remit ensuite au gouvernement indonésien. En 1958, alors qu’il souffrait d’un cancer de l’oreille, Le Mayeur retourna en Belgique pour y recevoir des soins, mais il décéda peu de temps après, le 31 mai 1958.
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Aujourd'hui, la maison de Sanur est un musée qui expose environ 80 de ses œuvres, ainsi que des artefacts balinais et des œuvres locales. Le travail de Le Mayeur reste admiré pour son habileté à allier l'impressionnisme occidental avec une sensibilité particulière au paysage balinais et à ses habitants. Grâce à sa quête artistique de la lumière et à son attachement profond à Bali, Adrien-Jean Le Mayeur de Merprès occupe une place unique dans l’histoire de l’art du sud-est asiatique, où son œuvre continue d’émerveiller et d'inspirer.