Les netsukes, petites sculptures japonaises aux détails fascinants, sont bien plus que de simples bibelots. Témoins d’une époque, ils incarnent la fusion unique entre art et fonctionnalité dans la culture japonaise. En vogue auprès des collectionneurs du monde entier, ces objets continuent d'intriguer par leur diversité et leur raffinement. Retour sur l’histoire, les usages et la signification de ces trésors miniatures.
Originaires du Japon, les netsukes sont apparus au XVIIe siècle sous l'ère Edo. À cette époque, les kimonos, tenues traditionnelles dépourvues de poches, étaient portés quotidiennement par les Japonais. Pour transporter de petits objets personnels, tels que des sceaux, de l'argent ou des médicaments, les Japonais se servaient de petites boîtes appelées inrô. Ces boîtes étaient suspendues par un cordon passé dans la ceinture du kimono (obi) et retenues par le netsuke, un petit fermoir sculpté, permettant ainsi de stabiliser l’inrô et d’éviter qu'il ne tombe.
Le netsuke, bien que simple accessoire pratique au départ, a rapidement évolué pour devenir une véritable forme d’expression artistique. Chaque pièce, réalisée par un artisan appelé netsukeshi, était minutieusement travaillée, incarnant souvent des symboles, des histoires ou des éléments de la nature. Cette petite sculpture devenait ainsi une signature personnelle, une manière de montrer son goût, son statut social, et même ses croyances spirituelles.
Les netsukes se déclinent en une grande variété de formes et de styles. Parmi les plus populaires, on trouve les katabori netsuke, sculptés en trois dimensions et représentant des personnages, des animaux, ou des créatures mythologiques issues du folklore japonais, comme les dragons ou les tengu, des esprits de la montagne. Les manju netsuke sont des disques plats finement gravés, tandis que les sashi netsuke, plus longs, étaient souvent glissés dans l'obi en diagonale.
Chaque motif porté sur le netsuke a une signification. Par exemple, le lapin symbolise la longévité et la chance, tandis que le lion chinois (shishi) évoque la protection et la force. Les artisans intégraient parfois des scènes de vie quotidienne, des références littéraires ou des allusions humoristiques, montrant ainsi leur dextérité et leur inventivité. En observant un netsuke, on peut deviner des éléments de la vie et des valeurs de son propriétaire d’origine.
Les netsukes sont souvent réalisés à partir de matériaux nobles, tels que l’ivoire, le bois, le bois de cerf ou le corail, qui permettent un travail minutieux et une longévité exceptionnelle. Aujourd'hui, l’ivoire est interdit, mais d'autres matériaux comme le bois et la corne continuent de permettre la création de pièces raffinées. Les techniques de sculpture exigent une patience et une maîtrise sans faille. En effet, l’artisan doit non seulement sculpter les détails, mais aussi percer des trous dans le netsuke pour que le cordon puisse y être attaché.
Les netsukeshi investissaient parfois des semaines, voire des mois, dans la création d’une seule pièce, consacrant une attention particulière aux expressions et aux postures des personnages représentés. Certaines œuvres sont si petites mais si détaillées qu’elles demandent une loupe pour être appréciées dans leur totalité, un défi technique qui témoigne de la dextérité légendaire des artisans japonais.
Avec l'ouverture du Japon au monde extérieur à la fin du XIXe siècle, les netsukes ont rapidement gagné en popularité en Occident, notamment grâce à leur rareté et à leur raffinement. Au fil des décennies, ils ont attiré les collectionneurs et les amateurs d’art asiatique, et les prix de certaines pièces rares peuvent aujourd'hui atteindre des sommes astronomiques aux enchères.
La célèbre collection de netsukes de l’écrivain Edmond de Waal, décrite dans son ouvrage "La Mémoire retrouvée", a par ailleurs contribué à raviver l'intérêt pour ces objets en Occident. Aujourd'hui, des musées du monde entier, comme le Musée Guimet à Paris ou le British Museum à Londres, exposent des collections de netsukes, permettant au grand public d’admirer ces petites merveilles de l'art japonais.
Bien que l'usage traditionnel du netsuke ait disparu avec la modernisation du Japon, son esprit continue de vivre à travers les créations contemporaines. Certains artisans perpétuent la tradition en fabriquant des netsukes à l’ancienne, mais d’autres explorent des motifs modernes, adaptés aux goûts d'aujourd'hui. Les netsukes modernes, inspirés d'éléments culturels récents, trouvent un public plus jeune et contribuent à préserver cette tradition ancienne en l'adaptant à l'air du temps.
Les netsukes illustrent ainsi une particularité de la culture japonaise : la capacité de maintenir des traditions tout en les réinventant. Ces petites sculptures, à mi-chemin entre l’art et l’artisanat, continuent d’incarner le raffinement et le mystère de l’art japonais, et leur héritage perdure, tant au Japon qu’à travers le monde.
Gauchet Art Asiatique met son expertise au service des passionnés et collectionneurs d'art asiatique en proposant l'expertise et l'évaluation des netsukes. Grâce à une connaissance approfondie de l’histoire, des matériaux, et des techniques de fabrication de ces sculptures miniatures japonaises, Gauchet Art Asiatique offre une évaluation précise de chaque pièce, qu’il s’agisse de déterminer l’authenticité, la rareté, ou la valeur marchande des netsukes. Les experts de Gauchet Art Asiatique accompagnent ainsi leurs clients dans la valorisation de leur collection ou dans des acquisitions futures en fournissant un avis professionnel et rigoureux.
Références :
Edmund de Waal, La mémoire retrouvée, France Inter, [en ligne], https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-humeur-vagabonde/edmund-de-waal-9677795
Inro et netsuke, Marie-Pierre Chaumet-Sarkissian, le musée Georges-Labit, [en ligne], https://museegeorgeslabit.fr/musee/inventaire/inro-et-netsuke/
Le netsuke, musée de Reims, [en ligne], https://musees-reims.fr/fr/jeunes-visiteurs/parcours-jeunesse-32/les-collections-japonaises/article/le-netsuke
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